Mgr Fulton Scheen – (…) Le Christ est vivant actuellement ! Il enseigne actuellement, Il gouverne actuellement, Il sanctifie actuellement – tout comme il le faisait en Judée, en Galilée. Son Corps Mystique, c’est-à-dire Son Église, était déjà installé dans tout l’Empire romain avant qu’un seul des Évangiles ait été écrit. C’est le Nouveau Testament qui est venu de l’Église et non pas l’Église qui est venue du Nouveau Testament. Ce Corps avait les quatre signes distinctifs de la vie ; il avait l’unité, parce que vivifié par une seule Âme, un seul Esprit, don de la Pentecôte. Comme l’unité dans la doctrine et dans l’autorité est la force centripète qui maintient une la vie de l’Église, la catholicité est la force centrifuge qui la rend apte à l’expansion et à l’intégration de toute l’humanité rachetée, sans distinction de race ou de couleur. La troisième marque distinctive de l’Église est la sainteté, ce qui signifie qu’elle dure à condition de se maintenir saine, pure et libre de toute contamination de schisme ou d’hérésie. Cette sainteté ne se trouve pas en chaque membre, mais dans l’Église prise dans son ensemble. Et parce que le Saint-Esprit est l’âme de l’Église, Il peut-être l’instrument divin de la sanctification des âmes. La lumière du soleil n’est pas polluée parce que ses rayons passent à travers une vitre sale, et les sacrements ne perdent pas non plus leur pouvoir de sanctification parce que les instruments humains de ces sacrements peuvent être souillés. Finalement, il y a le travail de l’apostolicité. La loi de la biologie est : «Omne vivum ex vivo – toute vie vient de la vie». C’est ainsi que le Corps Mystique du Christ est apostolique, parce qu’historiquement il a pris ses racines dans le Christ par les Apôtres et non pas par un homme séparé de Lui par des siècles. C’est pourquoi l’Église naissante s’assembla pour choisir un successeur de Judas qui devait avoir été un témoin de la Résurrection et compagnon des Apôtres.
«Pendant tout le temps que le Seigneur Jésus a passé parmi nous, depuis le moment du baptême de Jean jusqu’au jour où Il nous a été enlevé, un de ceux-là doit s’ajouter à nous comme témoin de Sa Résurrection.»
Actes I, 21-22
Ainsi le Christ, qui s’était «vidé» de Lui-même dans l’Incarnation, retrouvait Sa «plénitude» à la Pentecôte.
(…) Certains pensent qu’ils auraient cru dans le Christ s’ils avaient vécu à Son époque. Mais en réalité cela n’aurait pas grand avantage. Ceux qui ne Le voient pas vivant aujourd’hui d’une manière divine, dans Son Corps Mystique, ne L’auraient pas vu vivant jadis, dans Son Corps physique. S’il y a des scandales dans des cellules de Son Corps Mystique, il y avait des scandales aussi dans Son Corps physique ; l’un comme l’autre de ces Corps présente une apparence humaine qui, dans les moments de faiblesses ou lors du Crucifiement, exige une force morale pour reconnaître la Divinité. Lors de la mission en Galilée, il fallait une foi établie sur des motifs de crédibilité pour croire au Royaume qu’Il venait établir, ou au Corps Mystique par lequel, grâce au Saint-Esprit, Il sanctifiait les hommes après Son Crucifiement. De nos jours, il faut une foi établie sur les mêmes motifs de crédibilité pour croire au Chef, le Christ Invisible, qui enseigne, gouverne et sanctifie par Son Chef visible, le Pape, et par Son Corps qui est l’Église. En un cas comme dans l’autre, une élévation était nécessaire. Pour racheter les hommes, Notre-Seigneur avait dit à Nicodème qu’il faudrait qu’Il soit «élevé» sur la Croix ; pour sanctifier les hommes dans l’Esprit, il fallait qu’Il soit « élevé» au ciel dans son Ascension.
Le Christ demeure toujours sur la terre, de nos jours en Son Corps Mystique, comme jadis en Son Corps physique. L’Évangile est la préhistoire de l’Église. On refuse toujours au Christ une place comme à Bethléem ; il y a de nouveaux Hérodes, fiers de leur athéisme, qui Le persécute violemment ; il y d’autres Satans qui cherchent à Le détourner de la Croix et de la mortification pour l’engager dans les raccourcis de la popularité ; il Lui arrive de rencontrer des triomphes comme celui des Rameaux, mais ils sont précurseurs de Vendredis saints ; de nouvelles accusations (souvent venues de peuples religieux, comme autrefois) sont vociférées contre Lui – Il est l’ennemi de César, Il n’est pas patriote, Il va pervertir l’idée de nation ; à l’extérieur on Le lapide, à l’intérieur Il est attaqué par de faux frères ; il n’y a pas que des Judas, appelés à être Apôtres, pour Le trahir et Le livrer à Ses ennemis, il y a aussi de Ses disciples qui se glorifiaient de Son nom et qui ne Le suivent plus parce que comme les prédécesseurs – ils trouvent trop «dur» Son enseignement, surtout le Pain de Vie.
Mais parce qu’il n’est pas mort sans Résurrection, le Corps Mystique du Christ aura, dans le cours de l’histoire, des milliers de morts et des milliers de Résurrection. Les cloches sonneront toujours le glas de Son exécution, mais cette exécution sera perpétuellement ajournée. Enfin viendra un jour où la persécution sera universelle dans Son Corps Mystique, où Il ira vers Sa mort, comme jadis lorsqu’Il «souffrit sous Ponce-Pilate», souffrant sous le pouvoir tout-puissant de l’État. Mais à la fin, tout ce qui a été prédit d’Abraham et de Jérusalem se réalisera dans sa perfection spirituelle, lorsqu’Il sera glorifié dans Son Corps Mystique, comme Il l’a été dans Son Corps physique. C’est ce que l’Apôtre Jean a décrit dans l’Apocalypse :
«Viens vers moi, me dit l’un des sept anges, et je te montrerai la fiancée dont l’époux est l’Agneau. Et il me transporta en esprit sur une grande montagne très élevée, d’où il me montra la Cité Sainte, Jérusalem, alors qu’elle descendait du ciel, envoyée par Dieu, et enveloppée de la gloire divine. La lumière dont elle resplendissait avait l’éclat d’une pierre précieuse, comme un jaspe cristallin. Un grand mur s’élevait très haut autour d’elle, comportant douze portes près desquelles se trouvaient douze anges ; et le nom des douze tribus d’Israël étaient inscrits sur les linteaux. A l’est trois portes ; au nord trois ; au sud trois ; à l’ouest trois… Je ne vis pas le Temple en elle ; son temple, c’est le Seigneur Tout-Puissant, son temple, c’est l’Agneau. La ville n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer ; c’est la gloire de Dieu qui illumine et l’Agneau qui lui donne la lumière. Les nations vivront et marcheront à sa lumière, les rois de la terre lui apporteront leur tribut de louange et d’honneur. Les portes ne seront jamais fermées (car là il n’y aura jamais de nuit), les nations afflueront en elle avec leur faste et leur splendeur… Qu’il en soit ainsi ; viens, Seigneur Jésus. Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen
Apocalypse 21, 9-14, 22-26. 22, 20-21
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Newsletter N° 215 – 18 mai 2024 | Source : Perspective catholique