Christian Bless – Mgr Athanasius Schneider ne porte pas en vain le prénom qui lui fut attribué par ses supérieurs au moment de son entrée en religion chez les Chanoines Réguliers de la Sainte Croix, en 1982.

Il a publié un long entretien en anglais avec la journaliste Diane Montagna (1). Grâce au dévouement et à la ténacité de Jean-Pierre Maugendre, cet ouvrage de plus de 300 pages est paru en français au début de l’été 2020 aux éditions Contretemps dirigées par Renaissance catholique.

Cet écrit est important et fera date dans le débat religieux contemporain. C’est pourquoi, nous pensons nécessaire de vous le signaler et – mieux ! – inviter son auteur à Genève pour nous en parler.

Les premières pages consacrées à la famille allemande du prélat, originaire de la région d’Odessa où elle s’était établie sous Catherine II, vers 1809, ne sont pas les moins intéressantes. Le futur évêque coadjuteur d’Astana au Kazakhstan est né au Kirghizistan où ses parents travaillaient après avoir été déportés par les Soviétiques depuis la banlieue de Berlin où ils s’étaient repliés après le retrait des troupes allemandes des territoires de l’Est. Avec des centaines de milliers d’autres Allemands, ils seront internés et condamnés aux travaux forcés dans les montagnes de l’Oural, au Goulag.

Les pages consacrées à la vie de ces familles vivant au sein de l’Archipel et transmettant fidèlement la foi dans l’épreuve et la plus grande déréliction sont admirables et pleines d’enseignements. Ce milieu forgera la fidélité et le caractère du futur évêque qui aujourd’hui se lève pour dénoncer les dérives théologiques et morales du clergé et de la hiérarchie catholique.
    
Certains lecteurs objecteront peut-être que Mgr Athanasius Schneider ne nous apprend rien que nous n’ayons lu ou vécu au cours des dernières décennies, dans la revue Itinéraires, entre autres, sous la plume de Jean Madiran, du RP Calmel, de Louis Salleron, de Marcel De Corte, de Romano Amerio, de Mgr Brunero Gherardini, pour ne mentionner que quelques-uns d’entre eux. Sans oublier la prédication et l’action de Mgr Marcel Lefebvre et, à sa suite, de la Fraternité sacerdotale St-Pie X (FSSPX). Mais l’évêque-coadjuteur d’Astana apporte l’autorité de sa fonction dans la hiérarchie catholique, une confirmation officielle qui vient apposer son sceau aux contestations précédentes.

Dans un chapitre consacré au Concile de Vatican II, avec humilité, il explique son cheminement pour indiquer que « désormais, je réalise avoir (par le passé) « éteint » ma raison » et n’avoir pas voulu admettre ce qui se passait dans l’Eglise mais que certains événements lui ont fait « réaliser qu’il importait de prendre l’argumentation de la FSSPX plus sérieusement ». A propos de Mgr Lefebvre : « (…) c’est Mgr Lefebvre en particulier (…) qui commença, avec une franchise similaire à celle de certains Pères de l’Eglise, de protester contre les destructions de la foi catholique et de la Sainte Messe. (…) Je suis constamment impressionné par la clairvoyance et le caractère prophétique de (ses) affirmations … (…). Nous assistons actuellement au paroxysme du désastre spirituel dans la vie de l’Eglise que l’Archevêque Lefebvre dénonça si vigoureusement voici déjà quarante ans. (…) L’application du principe de « l’herméneutique de la continuité » ne peut être utilisé aveuglément en vue d’éliminer sans analyse critique les problèmes qui se posent de toute évidence ».

D’autres chapitres lucides et courageux sont consacrés à l’immigration, l’islam, la sécularisation, la réforme du clergé, l’autorité pontificale que les lecteurs de langue française découvriront l’an prochain.

Dans de belles pages, le Cardinal Robert Sarah a dénoncé les désastreuses conséquences de certaines erreurs sur le clergé et les âmes mais sans remonter aux causes ni désigner les responsabilités, ce qui affaiblit la portée de ses écrits. Avec courage, sans biaiser, celui qui porte le prénom du grand évêque d’Alexandrie au Vème siècle met le doigt sur les plaies avec respect mais sans concession. Pendant ce temps, Mgr Vitus Huonder, évêque démissionnaire du diocèse de Coire en Suisse, prend sa retraite dans une maison de la FSSPX.

Il faut soutenir l’éditeur et la diffusion du livre et prendre la défense de Mgr Schneider, évêque courageux qui est l’objet d’attaques dont la violence est à la hauteur des maux qu’il met en lumière et qu’il dénonce avec vigueur.


(1) Christus Vincit – Le triomphe du Christ sur les ténèbres de notre temps
Monseigneur Athanasius Schneider
Entretien avec Diane Montagna
Contretemps

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Newsletter N° 127 – 12 mai 2023 | Source : Perspective catholique