Eric Bertinat – L’abbaye de Saint-Maurice paie cash la conduite révoltante de certains des membres de sa Congrégation. A la justice de suivre son cours. Mais l’occasion est trop belle pour que le politique ne s’en mêle pas. Ce ne sont pas seulement les accusés qui seront punis mais l’institution elle-même. Ainsi que l’a titré la RTS du 14 mars 2024 : «Le canton du Valais annonce des mesures pour laïciser le collège de St-Maurice». Et le Conseiller d’État Christoph Darbellay de taper dur ! Le port d’une tenue laïque sera exigé et le nom de l’établissement modifié. Dès la rentrée prochaine, le lycée-collège de l’abbaye de St-Maurice sera ainsi rebaptisé lycée-collège de Saint-Maurice. Les chanoines, eux, devront notamment renoncer à leur soutane et enseigner en habits laïcs. Si le recteur, issu de la communauté reprend ses fonctions, son successeur sera laïc. Il sera engagé comme cela se fait dans les trois autres établissements cantonaux par mise au concours et non plus sur proposition de la communauté.

Un reliquat de catholicisme ou simplement la mauvaise conscience semble tarauder le magistrat valaisan qui ajoute : «Mais on est dans un canton avec une civilisation judéo-chrétienne. On n’a pas une conception de la laïcité à la genevoise ou à la française». C’est évidemment une précision inutile et mensongère dans la mesure où c’est exactement ainsi qu’auraient agit les autorités françaises. Quant à Genève, je n’en suis pas aussi certain, sans trop m’avancer pour autant.

Voyons ce qu’on pensait du laïcisme dans une civilisation chrétienne. Un laïcisme indissoluble de la franc-maçonnerie, ce que l’Église n’a eu de cesse de dénoncer.

Un exemple parmi de nombreux autres. Peu avant les élections du 16 novembre 1919, une quinzaine d’années après la loi de séparation des Églises et de l’État, le cardinal de Bordeaux, Mgr Andrieu, fit paraître dans l’Aquitaine un petit catéchisme de l’électeur dans lequel, outre l’interdiction de voter pour des candidats franc-maçons, l’on trouvait cette question : Est-il permis de voter pour un candidat partisan des lois laïques et décidé à les maintenir ? Réponse : Il n’est pas permis de voter pour un candidat partisan des lois laïques et décidé à les maintenir (…).

Un bon siècle plus tard, ces mêmes laïcards sont toujours bien présents, M. Pierre Maudet à Genève ou M. Christophe Darbelley à Sion. Ce dernier, lors de la crise sanitaire (2020), avait montré toute l’étendue de ses connaissances religieuses en affirmant que la messe suivie à domicile sur un écran était suffisante, oubliant la communion. « Il faut beaucoup aimer Jésus. Dans cette petite hostie que l’on reçoit à la messe, il y a contenu toutes les réponses et tous les amours (cardinal Journet)

Du côté politique, rien n’a changé depuis le siècle passé. Côté clergé, on relèvera avec tristesse son ralliement : «Le canton du Valais et l’abbaye de St-Maurice ont déclaré leur volonté commune de laïciser le lycée-collège» (RTS – 14 mars 2024).

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Newsletter N° 193 – 19 mars 2024 | Source : Perspective catholique