Père Frederick William Faber – Bethléem, I
Elle était sur le point de voir ce visage humain qui devait illuminer toute la vaste étendue du ciel pendant l’éternité, et lui tenir lieu de soleil et de lune. Elle allait lire l’amour filial, un tendre accueil, une douce complaisance dans ces mêmes yeux dont les rayons répandraient à jamais le bonheur divin sur des millions d’élus, autour du trône. Elle allait voir ce visage tous les jours, à toute heure, à chaque instant, pendant des années. Elle le verrait se développer, s’agrandir, revêtir les expressions successives des différents âges de la vie humaine. Elle allait le voir dans l’ignorance apparente de l’enfance, dans les charmes particuliers de la jeunesse, dans la sérénité pensive de l’âge mûr ; elle allait le voir dans le ravissement de la contemplation divine, dans la tendresse indulgente de l’amour, dans l’éclat d’une sagesse toute céleste, dans l’ardeur d’une juste indignation, dans la douloureuse gravité d’une profonde tristesse, aux moments de la violence, de l’opprobre, de la peine physique et de l’agonie mentale. Chacune de ces phases si variées n’était pour Marie rien moins qu’une révélation. Elle ferait presque tout ce qu’elle voudrait de ce visage divin. Elle pourrait le presser contre le sien dans toute la liberté de l’amour maternel. Elle pourrait couvrir de baisers les lèvres qui devaient prononcer la sentence de tous les hommes. Elle pourrait le contempler à loisir pendant son sommeil, ou éveillé, jusqu’à ce qu’elle l’eût appris par cœur. Lorsque l’Éternel aurait faim, ce petit visage chercherait son sein, et s’y reposerait. Marie essuierait les larmes qui couleraient sur les joues enfantines de la béatitude incréée. Bien des fois, elle laverait ce visage dans l’eau de la fontaine, et le Précieux Sang viendrait le couvrir, attiré par la fraîcheur de l’eau, ou par le doux frottement de la main maternelle, et il le rendrait dix fois plus beau. Un jour, il devrait reposer pâle, souillé de sang et sans vie sur ses genoux, pendant que, pour la dernière fois, tous les services qu’elle lui rendait autrefois à Bethléem, si tristement déplacés, devraient se renouveler sur le Calvaire. —
NB : Nous reviendrons sur la personnalité exceptionnelle du Père Faber, converti venu de l’anglicanisme et fondateur de l’Oratoire de Londres.
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Newsletter N° 246 – 23 décembre 2024 | Source : Perspective catholique