Monsieur le Directeur général et artistique,
L’association Perspective catholique, que j’ai l’honneur de présider, a découvert avec une immense tristesse, sur le site internet de La Cité Bleue, l’annonce d’un spectacle intitulé Stabat Mater, programmé pour les 11 et 12 avril prochains. La mise en scène y est décrite comme «un tableau de la mère qui se dresse face à la croix [et] devient le point de départ d’une équipée sauvage», Maëlle Dequiedt, metteur en scène, proposant «un voyage iconoclaste et transgressif à travers les siècles».
Comme l’explique Boulevard Voltaire dans son article du 16 mars 2025 : «sur scène, en lieu et place de la Vierge debout au pied de la Croix, on trouve des éplucheurs de patates d’un genre indéterminé, des cardinaux à cornette dans un décor de bâches froissées, une mère hystérique luttant contre une gazinière en feu. (…) Les cardinaux, joués par deux hommes et deux femmes, sont tournés en ridicule, réunis dans un conclave devenu prétexte à une farce grotesque : une joute burlesque à coups de mitres en papier pour élire un pape. Le tout sur fond de Scarlatti version rock, musique brésilienne et free jazz, pendant que les artistes se livrent à des danses en transe.»

Ce spectacle, déjà présenté en Belgique et en France, a suscité l’indignation de nombreux fidèles. Le fait qu’il soit proposé à Genève, en pleine montée vers Pâques, période sacrée pour les catholiques, choque profondément. Il s’agit là d’une défiguration volontaire d’une des œuvres les plus sacrées du répertoire chrétien – le Stabat Mater, texte liturgique du XIIIe siècle attribué à Jacopone da Todi, qui évoque la douleur de la Vierge au pied de la Croix :
«La mère douloureuse se tenait debout
Au pied de la croix en larmes
Tandis qu’on y suspendait son Fils.»
Dès lors, une question se pose :
Soit ce spectacle, à vos yeux, a une portée subversive assumée, et son inscription à l’affiche en cette période précise relève d’un choix idéologique dirigé contre la foi catholique.
Soit vous estimez qu’il n’a que peu à voir avec la religion – mais alors, pourquoi l’avoir programmé à deux semaines de Pâques, dans un tel contexte symbolique ?
Devons-nous comprendre que vous préférez la laideur provocatrice de cette mise en scène – qualifiée dans le dossier de presse de «libre, païenne, sans la terreur sacrée que certain-es associent à toute démarche d’interprétation des œuvres de répertoire» – à la beauté profonde d’un texte liturgique qui, depuis des siècles, nourrit la prière et l’espérance des croyants ?
Nous sommes doublement peinés.
D’abord, parce que la foi chrétienne, en particulier catholique, semble de plus en plus librement bafouée dans l’espace public. Alors même que des églises sont profanées ou incendiées dans le monde entier, il devient banal de tourner en dérision nos textes et nos symboles les plus sacrés.
Ensuite, parce que vous êtes le directeur général et artistique de cette scène genevoise et que nombre d’entre nous ont admiré votre parcours, notamment à travers l’ensemble Cappella Mediterranea. Nous avons salué votre attachement à Genève et à son rayonnement culturel. C’est donc avec incompréhension et douleur que nous voyons votre nom associé à un tel projet.
Recevez, Monsieur, l’assurance de notre sincère préoccupation et de notre attachement à une culture respectueuse des convictions de chacun.
Eric Bertinat
Président de Perspective catholique
Ancien député au Grand Conseil de Genève
Ancien président du conseil municipal de la Ville de Genève
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Lettre ouverte – 8 avril 2025 | Source : Perspective catholique
C’est avec tristesse et consternation que j’apprends ce nouveau blasphème à la très sainte Mère de Dieu. Je prie pour que les auteurs de cette offense regrettent leur acte.