Nicolas Moulin – «Si nous attaquons, ce sera rapide, violent et efficace, tout comme les terroristes attaquent nos chers chrétiens !» Ainsi réagissait Donald Trump aux attaques du 31 octobre 2025 au Nigéria. Celui-ci, en effet, accuse le gouvernement nigérian d’inaction face aux nombreux massacres perpétrés par des groupes musulmans contre des chrétiens. Alors que les opinions divergent au sujet d’un génocide, tâchons d’introduire un peu de lumière dans ce sombre chapitre.
Dans un article du 3 novembre 2025, la BBC traite du sujet et en particulier du message publié par le président américain. «Des allégations d’un génocide contre les chrétiens du Nigéria circulent depuis quelques semaines et mois dans certains cercles de droite américaine» commente le média anglais dans le début de son article. La parole est ensuite donnée à M. Daniel Bwala, conseiller du président nigérian. Les statistiques sont claires, s’exclame-t-il, pas plus de chrétiens que de musulmans et non-religieux sont tués. Il n’y a de facto pas de génocide dans cette guerre contre les infidèles d’après l’homme d’état.
Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat, affirme que : «le conflit n’est pas religieux mais plutôt de nature sociale, par exemple entre éleveurs et agriculteurs.» Ce sont non seulement les chrétiens mais aussi un grand nombre de musulmans qui sont victimes de ces violences.
Ces violences ne sont pas d’hier puisqu’un article de l’Ecologist datant de 2018 relataient déjà une augmentation de la violence entre les nomades musulmans et les populations sédentaires en raison, tenez-vous bien, du réchauffement climatique. En effet, la sécheresse pousse les bergers nomades à se rendre toujours plus au sud pour trouver pâture, ce qui engendre des conflits. Rien n’explique pourtant les «Allah hu akbar» de nos nomades ainsi que la nécessité de tuer pour un peu de verdure.
Dans ce cadre, l’UNHCR (Agence de l’ONU pour les réfugiés) a publié une étude dans laquelle elle explique que l’accroissement de la fréquence de conditions météorologiques extrêmes peut aggraver les tensions et affaiblir la cohésion sociale. Voilà peut-être une piste…
Il y a, pour faire simple, Boko Haram et les pasteurs Fulani qui résident entre le nord du Nigéria, le sud du Niger et l’ouest du Chad. Boko Haram est le groupement djihadiste le plus connu spécialement depuis que ses combattants ont enlevé 276 jeunes filles le 14 avril 2014. Open Doors, qui établit chaque année une liste des 50 pays dans lesquels les chrétiens sont le plus persécutés, affirme dans un rapport qu’entre 9’000 et 11’500 chrétiens ont été tué entre 2006 et 2014 principalement par Boko Haram. De plus, durant cette même période plus de 13’000 églises ont été détruites touchant des millions de chrétiens. D’autres sources notent que les victimes sont de plus en plus nombreuses atteignant 120’000 chrétiens tués entre 2009 et aujourd’hui. Mais récemment, ce sont les Fulani qui ont fait parler d’eux en attaquant systématiquement des villages chrétiens. Ce sont eux les nomades poussés par le changement climatique à un conflit qui n’a rien de religieux.
Comment explique-t-on que les récentes attaques ont eu lieu les jours de Noël 2023 et 2024, dimanche des rameaux 2025 sans mentionner les nombreuses Fête-Dieu ? Comment explique-t-on également que d’après les données publiées par l’ACLED (Armed Conflict Location & Event Data), il y a un ratio de 7.1 : 1 dans la probabilité qu’un chrétien se fasse tué dans le nord du Nigéria plutôt qu’un musulman et un ratio de 10 : 1 pour le kidnapping ? Encore récemment, les quelques 300 élèves enlevés dans le nord du pays comptaient 20 musulmans. Aussi regrettable que soit la disparition des ces jeunes musulmans, la proportion est explicite.
Il s’agit ici d’un conflit ouvert contre les chrétiens mais lesquels exactement ? La chrétienté au Nigéria est composée majoritairement de protestants puis de catholiques et finalement d’anglicans. Les portugais ont apporté le catholicisme, les anglais l’anglicanisme et les années post Vatican II ont été propices à une augmentation significative du nombre de protestants de toutes sortes. La presse est très vague et rend quasiment impossible de connaître la confession exacte des victimes. Néanmoins, les victimes du massacre de Yelwata en juin 2025 s’étaient réfugiés dans la mission catholique. Le village est si petit et le nombre de morts si impressionnant qu’il est bien probable que la quasi-totalité du village dont la majorité était catholique y ait laissé sa vie. Les enlèvements récents dans l’état du Niger ont eu lieu dans une école privée catholique. Tous sont touchés, musulmans inclus, mais dans l’antique conflit qui oppose Satan et le Christ Roi, il n’est pas absurde de penser que ces chrétiens sont bien souvent catholiques.
Le Nigéria vit une période de persécution terrible qui ne fait que de s’amplifier à mesure que les autorités renoncent à le reconnaître. Ce que ces chrétiens demandent c’est bien sûr le retour de la sécurité mais surtout la grâce de la persévérance finale. Prions et incluons ces âmes dans nos prières afin que le bon Dieu veuille bien leur donner la force de le confesser jusqu’à leur dernier soupir.