Abbé Alain René Arbez  – J’ai regardé sur France 24 l’émission consacrée aux femmes/féminisme dans l’Eglise catholique. Je suis très déçu de la mauvaise qualité de cette présentation.

D’abord le témoignage de cette étudiante en théologie qui veut à tout prix par idéologie associer abus sexuels et prévalence masculine dans la fonction sacerdotale. Cet argument est insidieux et ne tient pas. L’évangile de St Luc montre que Jésus a toujours mis en valeur les femmes et qu’elles jouent un rôle primordial dans la transmission de la foi.

Les Actes des Apôtres donnent des éléments historiques permettant de rétablir un diaconat féminin, ce qui serait une reconnaissance liturgique de ce que font déjà beaucoup de femmes au sein des communautés. Mais la demande exigée par Melle Vinner n’a rien à voir avec cette perspective. Le sacerdoce n’est pas un droit, elle raisonne dans des termes inappropriés, car c’est l’Eglise qui fixe les normes en fonction de la tradition apostolique, qui ne variera pas pour faire plaisir à quelques militantes  et activistes.

Si le protestantisme a appelé des femmes à des ministères pastoraux, c’est dans sa logique. Ce n’est pas la théologie de base ni des catholiques, ni des orthodoxes, qui représentent une majorité, en tout cas. 

J’ai eu l’occasion de partager un échange de vues avec un ami pasteur méthodiste du centre de Londres. Il m’a donné son analyse de l’opération de la hiérarchie anglicane qui a ordonné des femmes en quantité dans le but de satisfaire des attentes proches de celles de Melle Vinner. Il constate que le résultat n’est pas à la hauteur des espérances. On imaginait que cette innovation allait faire revenir beaucoup de jeunes et de pratiquants dans les églises: c’est loin d’être le cas. Le vrai problème n’est pas l’ordination de femmes en plus des hommes: c’est la crise culturelle et religieuse générale qui éloigne les paroissiens de la pratique. Ce n’est pas, selon lui, un lifting dans l’air du temps qui pourra résoudre cette difficulté fondamentale. D’ailleurs 500 prêtres et évêques anglicans ont décidé de rejoindre l’Eglise catholique pour rester en communion avec la tradition ecclésiale des origines. Ce qui ne dévalorise pas pour autant les charismes féminins, qui peuvent continuer de s’investir et de se développer dans des tâches et des responsabilités de premier plan dans la vie de l’Eglise.

Melle Vinner n’a rien compris au texte de st Paul qu’elle cite: « il n’y a plus ni homme ni femme, ni esclave ni homme libre »…elle voit (à tort) dans ce texte une mise à niveau pour le ministère reçu des apôtres. Ce n’est pas le but de ce texte qui ne parle pas de ministères liturgiques mais de la vie sociale de tous les jours, où les barrières et les clivages anciens ne tiennent plus dans la considération des uns et des autres…

Pour présenter objectivement la position catholique, il ne faut pas aller chercher des personnalités marginales et idéologisées, mais porter un regard à la fois historique et théologique avec de vrais arguments.


25 juin 2020 | Source : Perspective catholique