François Schaller (X – 19 avril 2025) – Réponses tirées de l’interview de Franz Grüter, dirigeant d’entreprise et conseiller national (Parti populaire/UDC) parues dans le Seetaler Bote (Lucerne), 17 avril 2025.
«Il serait fatal de sacrifier ce qui fait le succès de la Suisse à long terme à cause de turbulences à court terme. (…)
«Le plus grand danger en cas de crise, c’est que les politiciens prennent des décisions hâtives qui peuvent difficilement être corrigées par la suite. (…)
«Mais les euro-turbos ont un programme différent. Ils veulent instrumentaliser le chaos douanier pour promouvoir l’accord-cadre avec l’UE. Je considère qu’il s’agit d’une action irréfléchie très dangereuse.
Le traité de soumission de l’UE n’est pas une solution (…) :
L’indépendance et la neutralité ne sont pas des modèles obsolètes : surtout dans un monde plein de tensions géopolitiques. La Suisse indépendante et neutre est un modèle de réussite. L’accord-cadre met en péril les deux. » —
La Suisse s’exposerait au chantage : un accord-cadre ratifié par crainte d’une guerre tarifaire avec les États-Unis montrerait à l’UE que la Suisse est prête à faire des concessions en temps de crise. Cela rend notre pays encore plus vulnérable au chantage lors de négociations futures – un signal dangereux. Au contraire, la Suisse devrait utiliser et renforcer son autonomie juridique.
L’accord de subordination au droit européen affaiblit la démocratie directe : cet accord-cadre obligerait la Suisse à adopter en permanence le droit de l’UE. Les référendums seraient compromis par les réglementations de l’UE. Ce serait la fin de la participation des personnes réelles à la vie politique. Si nous ne votons pas comme le souhaite l’UE, nous serons sanctionnés (mesures compensatoires).
Un conflit tarifaire avec les États-Unis n’est pas une raison pour conclure un mauvais accord : un problème commercial avec les États-Unis ne devrait pas nous conduire à conclure à la hâte un accord de grande envergure avec l’UE. De telles décisions devraient correspondre à de la prévoyance, pas à de la panique.
L’accord-cadre apporte plus de dépendance, pas plus de stabilité: avec l’adoption automatique des lois, nous serions liés de manière permanente à l’UE – que les règles nous conviennent ou non. Cela crée de nouvelles incertitudes, pas de la stabilité.
La Suisse reste un site industriel fort, même sans accord-cadre : la Suisse connaît le succès économique précisément parce qu’elle fonctionne de manière largement indépendante. Les problèmes particuliers peuvent être résolus de manière ciblée sans renoncer à notre entière souveraineté. Avec le rattachement juridique à l’UE, nous devrions également appliquer l’ensemble des réglementations. (…)
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Newsletter N° 256 – 30 avril 2025 | Source : Perspective catholique