Eric Bertinat – La campagne pour cette votation, inscrite à l’agenda fédéral pour le 15 mai, démarre doucement. Le principal argument mis en avant par la presse et les partis politiques est celui d’augmenter les dons d’organes, aujourd’hui insuffisant devant la demande (fin 2021, plus de 1’400 personnes se trouvaient sur liste d’attente pour obtenir un organe).

Avant d’évoquer cet argument central, qui fixe un but que doit permettre d’atteindre le consentement présumé,  disposition que nous trouvons discutables, précisons que nous ne votons pas sur le don d’organes lui-même. Ce qui n’est pas toujours compris par la population.

Nous votons sur le consentement présumé, un consentement discutable pour une question délicate et très personnelle, une démarche difficile à rendre uniforme (1), impliquant une nouvelle intrusion de l’État dans notre vie (une base de données fédérales) et supposant notre consentement dans un non-dit. «Connaissant le progressisme inné des institutions démocratiques, on se demande quelle sera la prochaine étape» complète judicieusement Olivier Delacrétaz dans La Nation du 8 avril dernier.

Ainsi donc, selon le Conseil fédéral, passer du consentement explicite (oui je veux!) au consentement présumé (oui sans mon accord !) permettrait d’augmenter le nombre de donneurs d’organes et ainsi sauver plus de vies. Mais à observer les discussions des Chambres sur ce sujet (2012, 2013 et 2015), une large majorité y était opposée, y compris l’actuel chef de la santé, Alain Berset, préférant une plus large communication pour sensibiliser la population et objectant que l’augmentation découlant du consentement présumé n’était pas prouvée.

En 2019, une étude de l’Université de Lausanne a confirmé cet opinion. Et plus récemment encore, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), dans une réponse à Keystone-AT, a reconnu que le consentement présumé ne suffit pas toujours à augmenter les dons d’organes. Les ressources hospitalières et la formation des spécialistes entrent aussi en ligne de compte, des domaines dans lesquels la Suisse a justement investi ces dernières années.

C’est un bien curieux dossier, fort d’arguments discutés et discutables et qui ne conduit qu’à une campagne trop affective et pas assez raisonnée. Une nouvelle fois, nos autorités politiques cède à la pression de quelques uns, dont on devine la vision transhumaniste. De quoi vous inviter à refuser cet objet !

——————-
(1) Près de 6 millions de personnes devraient être informées qu’en cas de refus, elles ont l’obligation de s’opposer par écrit au don d’organes et inscrire leur nom dans un registre. Il est totalement irréaliste de penser que cet objectif peut être atteint, selon les référendaires, menés par une sage-femme vice-présidente du parti socialiste de Bienne.

___________________________________________________________________________________
Newsletter N° 74 – 15 avril 2022 | Source : Perspective catholique