Eric BertinatAdmettons-le : rechercher quelle est la position du clergé par rapport aux lois humaines est un problème complexe. La difficulté naît d’abord du fait que le clergé est une institution qui exerce son activité pour un but et dans un esprit que l’Etat déclare ignorer : la conquête des âmes. Il n’est pas inutile de rappeler à ce propos que les pouvoirs publics sont amenés à ne pas ignorer d’une façon absolue l’Eglise, ce gouvernement de Dieu sur terre, ce Royaume de l’attente. Durant le confinement décidé par le Conseil fédéral, cette relation, certes particulière, a montré que l’Etat n’attache guère d’importance aux questions spirituelles. Le libéralisme n’a que faire de la Révélation.

Pourtant, la hiérarchie catholique a montré beaucoup de patience et même une forme de renoncement que l’on peut trouver hors de propos en cette période de pandémie. Certains ont mal supporté ce diktat gouvernemental, d’autres ont donné l’impression de s’y trouver bien. Finalement, nous avons appris cette semaine que le Conseil fédéral permettra, peut-être, le 8 juin prochain l’ouverture des piscines, zoos, cinémas, des théâtres, jardins botaniques ainsi que la reprise des célébrations religieuses. Vous avez bien lu : les zoos, les piscines, la messe. L’importance du spirituel est devenue négligeable aux yeux du pouvoir. Je ne suis pas certain que la faute incombe au pouvoir politique.

C’est un constat pour le moins désagréable et plus particulièrement pour l’Eglise catholique. Rendu encore plus évident par la presse, elle aussi très discrète sur cette question. Ainsi la RTS qui évoque l’éventuelle autorisation pour des célébrations religieuses publiques, lors de son téléjournal du 12:45 (mercredi 20 mai). Nous y avons vu Alain Berset recevoir les représentants des diverses communautés religieuses suisses. Le journaliste cède aussitôt le micro à Herbert Winter, président des fédérations suisses des communautés israélites, qui représente 0,2% des Suisses. Puis ce sera au tour de Montassar Ben Mrad, président de la fédération des organisations islamiques de Suisse, qui lui, représente un peu plus de 5% de la population et pour qui le journaliste adresse la remarque suivante : ce sont les musulmans qui ont le plus soufferts du confinement, Ramadan oblige. Et les chrétiens ? Et les catholiques ? Et Pâques ? Et l’Ascension, prélude de l’histoire de l’Eglise ? A peine a-t-on entrevu l’ombre d’un évêque dans ce reportage. Au silence épiscopal succède le silence politique puis médiatique. C’en est presque normal.


Lettre d’information N° 17 – 23 mai 2020 | Source : Perspective catholique