Eric Bertinat – Nous l’avons compris, vous l’avez compris, les autorités politiques genevoises affichent une vision toute horizontale de la société. Sont placées dans le même sac les célébrations religieuses, matchs de hockey ou de football et prostitution. Quid de l’importance que ces mêmes autorités ont donné à la loi sur le laïcisme sensée tenir compte du statut particulier des Eglises : dans son article premier (lette c), ne définit-elle pas le cadre approprié aux relations entre les autorités et les organisations religieuses ? Ainsi, pour au moins quatre semaines, tout culte religieux est proscrit d’un coup d’arrêté, sauf pour les funérailles et… le travail parlementaire. De Berne, le conseiller fédéral Alain Berset nous annonce sans s’en émouvoir que les célébrations de Noël seront sans doute elles-aussi reportées.
Or, un catholique bien né et en bonne santé- ce qui est le cas pour la majorité de ceux-ci – ne peut se contenter d’une religion télé-canapé-café-croissants. Les retransmissions télévisuelles ne sont qu’un placebo spirituel qu’il convient de dénoncer. Tout comme nous devons dénoncer l’apparent désintérêt des politiciens devant la religion : entre ceux qui s’en moquent et ceux qui la combattent, le consensus est tout trouvé pour éliminer du calendrier républicain ces fêtes d’un autre âge. Place à l’urgence climatique !
Ainsi, après Pâques, l’Ascension et la Pentecôte, ce sont les grandes célébrations de Noël qui débutent à la fin de ce mois par le temps de l’Avent, commencement de l’année ecclésiastique, qui seront interdites aux catholiques. C’est un des plus grands moyens de sanctification, l’acte le plus élevé de la vertu de religion et du culte chrétien que l‘ont interdit aux catholiques genevois : la participation au sacrifice de la Messe, ceci dans un acquiescement quasi unanime. Un recours contre l’arrêté du Conseil d’Etat du 1er novembre 2020 interdisant la pratique du culte est envisagé. Nous ne manquerons pas de vous tenir informé.
Pour celles et ceux qui comprennent encore l’enseignement catholique, il nous reste à méditer en ce temps de crise l’Encyclique Quanta Cura du Pape Pie IX (il faut tout lire !)
En voici de courts extraits :
Car lorsque la religion est bannie de la société civile, et que la doctrine et l’autorité de la Révélation divine sont rejetées, c’est aussi la vraie notion de la justice et du droit humain qui s’obscurcit et se perd, et la vraie justice et le droit légitime se trouvent remplacés par la force brute ; et on voit alors clairement pourquoi certains, ne tenant aucun compte des principes les plus assurés de la saine raison, osent dire hautement que « la volonté du peuple, manifestée par ce qu’ils appellent l’opinion publique ou d’une autre manière, constitue la loi suprême, indépendante de tout droit divin et humain et que, dans l’ordre politique, les faits accomplis, par cela même qu’ils sont accomplis, ont valeur de droit ».
Mais qui ne voit et ne sent clairement qu’une société humaine soustraite aux liens de la religion et de la vraie justice ne pourra pas se proposer d’autre but que celui d’acquérir et d’amasser des richesses et de ne suivre d’autre loi dans ses actions que le désir sans frein du cœur, de servir ses propres passions et ses avantages …
Non contents de bannir la religion de la société publique, ils veulent également exclure cette même religion des familles privées.
Ils affirment en effet sans la moindre honte que « les lois de l’Eglise ne s’appliquent pas en conscience, à moins qu’elles n’aient été promulguées par le pouvoir civil ; que les actes et les décrets des pontifes romains touchant la religion et l’Eglise ont besoin de la sanction et de l’approbation, ou à tout le moins du consentement, du pouvoir civil…
C’est pourquoi toutes et chacune des fausses opinions et doctrines signalées en détail dans la présente lettre, Nous les réprouvons, les proscrivons et les condamnons en vertu de notre autorité apostolique, et Nous voyons et ordonnons que tous les enfants de l’Eglise catholique les tiennent pour réprouvées, proscrites et condamnées.
Lettre d’information N° 26 – 2 novembre 2020 | Source : Perspective catholique