Eric Bertinat – Les lendemains de votations sont bien souvent plus intéressants que les campagnes qui précédèrent ces décisions populaires. Il en est ainsi des dernières votations du 27 septembre. Il suffit de ramasser tous les sujets d’un regard pour constater que les Suisses ont succombé aux sirènes du mondialisme. Ainsi que le relevait avec sa pertinence habituelle le regretté Gustave Thibon : « Il est malaisé de composer avec le monde sans se laisser décomposer par le monde ».

Les Suisses ne raisonnent plus qu’au diapason de la doxa officielle. Le pilonnage politico-médiatique, bien sûr, mais aussi les pressions patronales et l’ensemble des acteurs de la culture, les acteurs sociaux et, hélas, le clergé catholique ont éliminés de tous les débats nos racines essentiellement chrétiennes. Le libéralisme et son associé socialiste ont mis en pièces l’éducation intellectuelle et morale de tout un peuple, déconstruisant ainsi ses valeurs pour les remplacer par des slogans, des affiches et des tracts.

Curieusement, en politique, la nature aime le vide. On salue la Ligue Vaudoise ou le Mouvement chrétien conservateur du Bas-Valais. On remercie l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) et celles qui sont regroupées à Münchenstein et qui se battent pour l’enfant et les jeunes. Mais le combat est inégal, disproportionné. « Notre héritage fait de nous des inadaptés par rapport à un monde qui dévalorise ce que nous sommes portés à valoriser, et qui porte au premier plan ce que nous regardions de haut » (Marcel Gauchet, rédacteur en chef de l’excellente revue récemment disparue Le Débat). On cherche désespérément des associations conservatrices capables de former les citoyens et de malaxer en profondeur l’opinion publique comme il se devrait. Parce que sans elles « ce que nous regardions de haut » s’imposera sans même combattre.


Lettre d’information N° 24 – 8 octobre 2020 | Source : Perspective catholique