Eric Bertinat – Êtes-vous mal à l’aise devant ces faits divers scabreux qui deviennent rapidement des faits de société et qui envahissent la place publique ? Voici l’un des derniers en date : le «stealthing» ou «furtivage» en français. Il s’agit d’une rencontre (ou de plusieurs rencontres, combien?) durant laquelle l’un des partenaires enlève son préservatif pendant l’acte sexuel à l’insu de l’autre partenaire. Ces rencontres qui ne tournent pas exactement comme imaginé, que l’on cherchait autrefois à dérober aux regards, sont aujourd’hui jetées sans pudeur jusque devant les Tribunaux et évidemment dans les médias. Après Mee Too et Balance ton porc, voici les furtifs du condom en délicatesse.

Selon radio lac ce comportement est «de plus en plus répandu». Différentes études américaines avancent le chiffre d’environ 10 % des relations sexuelles qui se concluraient de cette façon. L’un des journalistes de la radio du bout du lac attire l’attention des auditeurs : des femmes qui utilisent un préservatif féminin et désirent tomber enceintes le percent, ce qui constituerait également une infraction. Décidément, la libération sexuelle n’est pas un long fleuve de plaisirs sans risques et la liberté de jouir sans anxiété s’avère parfois entravée par un bout de latex.

L’UDC-Genève veut pénaliser les furtifs du plaisir

Au printemps 2022, le Tribunal fédéral a conclu que le retrait furtif et non consenti du préservatif pendant les rapports sexuels («stealthing») ne tombait pas sous le coup de l’infraction pénale d’actes d’ordre sexuel commise sur une personne incapable de discernement ou de résistance. Insuffisant pour l’UDC-Genève! qui curieusement n’a pas tâche plus urgente que de saper l’ordre sexuel bourgeois et le modèle hétéro-sexuel. Dans un récent communiqué de presse, elle entend corriger cette lacune. Forte d’avoir trouvé une majorité devant le Grand Conseil, sa résolution demande de créer une norme expresse fédérale sur le «stealthing», soit la pratique consistant pour un homme à retirer son préservatif pendant une relation sexuelle consentie à l’insu et sans l’accord de son ou sa partenaire. Ce texte sera adressée à l’Assemblée fédérale.

Et du côté de l’Eglise catholique ?

Une réflexion du Cardinal Alfonso López Trujillo, président du Conseil Pontifical pour la Famille intitulée «Les valeurs familiales versus la sexualité sans risques («sexe sûr»)» du 1 décembre 2003 rappelle qu’«Avec ou sans la menace du VIH/sida et des MTS, l’Église a toujours fait appel à une éducation à la chasteté, à l’abstinence pré-matrimoniale et à la fidélité conjugale, qui sont des expressions d’une sexualité humaine authentique. (…) Et d’encourager un «changement de comportement» parmi les adolescents dans les programmes d’éducation sexuelle, alors qu’en réalité on veut «les encourager à utiliser un préservatif lorsqu’ils ont des rapports sexuels pré-matrimoniaux», tout en encourageant les rapports sexuels pré-matrimoniaux eux-mêmes, c’est détruire non seulement la santé reproductive de l’adolescent, mais aussi leur santé émotionnelle, mentale, et spirituelle, et même leur future et leur vie entière.

Cité dans ce même document, le professeur Lino Ciccone ajoute : «Donc une prévention vraie et efficace est surtout l’ensemble des initiatives qui visent à mettre fin à tout ce qui promeut le laxisme sexuel, présenté comme un triomphe de la liberté et de la civilisation – semblable à ce qui est fait pour aider la jeunesse à ne pas tomber dans l’esclavage des drogues ou à les en libérer. En d’autres mots : la vraie prévention se réalise seulement à travers un effort sérieux d’éducation. Une éducation libre de toutes équivoques et de concepts réductifs répandus, qui porte à la découverte ou à la redécouverte de la valeur de la sexualité et d’une juste échelle de valeurs de la vie humaine».

Coucher avec un inconnu (ou un connu?) pourra conduire l’un des partenaires devant la justice pour une histoire de préservatif. Faudra-t-il avoir recours à un contrat dûment daté et signé ? Ou à un enregistrement vidéo, à titre préventif ? L’on imagine sans peine les abus que cela engendrera auprès de ce public aux mœurs dissolus. Après les ébats, les débats devant le Juge. Quelle époque extraordinaire !

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Newsletter N° 163 – 22 novembre 2023 | Source : Perspective catholique