Christian Bless – Le 1er septembre 1920, le Général Gouraud, au nom de la France, puissance mandataire, annonce solennellement la création du Grand Liban. Contre l’avis d’un certain nombre de personnalités, il englobe alors dans cette nouvelle entité des territoires qui ne font pas vraiment partie de la Montagne libanaise, territoire historique regroupant principalement des populations Maronites, Druzes et Sunnites du Mont Liban, de Beyrouth, de Tripoli. En référence aux règnes de l’émir Fakhreddine II, au XVIIème, et de Béchir II au XIXème siècle c’est un retour aux frontières « naturelles et historiques. » Comme pour d’autres régions du monde, le tracé des frontières est donc imposé par une puissance étrangère et n’enracine pas vraiment ce nouvel espace dans une réalité géographique et historique éprouvée par le temps, ce choix est en partie déterminé par des enjeux stratégiques régionaux. Cette création d’un Grand Liban est imposée contre les vœux des tenants de la Grande Syrie. Créé sur les décombres de l’Empire Ottoman, ce petit pays est, dès sa fondation, tributaire des politiques de ses voisins et des puissances internationales d’alors et d’aujourd’hui ainsi que, surtout, de l’appui de la France, puissance protectrice depuis saint Louis, ou de son absence.Toutes les contradictions qui vont déchirer le Liban pendant le siècle qui suit cette fondation sont présentes à ce moment. Une jeune nation tributaire de la protection de la France, dominée par la communauté Maronite alors majoritaire, mais dont la population va devenir minoritaire, divisée en communautés religieuses antagonistes s’appuyant sur des alliances étrangères. Le Liban naît dans un monde où l’Europe est admirée et respectée, où la flotte française mouille dans les ports méditerranéens, à Alger, Alexandrie, Beyrouth ; où les élites de ces pays, quelle que soit leurs appartenance religieuse, étaient fières de scolariser leurs enfants dans les collèges des congrégations catholiques qui n’ont pas encore été frappées mortellement par la crise de la foi qui va bientôt ravager le clergé. Ces magnifiques collèges se nommaient Saint-Joseph, Saint-Benoît, Saint Michel, Saint-Marc, Notre-Dame ; animés par les Lazaristes, les Filles de la Charité, les Jésuites, les Frères des écoles chrétiennes et bien d’autres, ils élevaient d’importants bâtiments au cœur des villes qui bordaient la Méditerranée. Alors, l’Europe était triomphante malgré une première guerre civile dont elle ne sait pas encore qu’elle lui a porté un coup fatal, elle est sûre d’elle-même et n’a pas encore été saisie par ce doute masochiste sur la légitimité de son héritage culturel, religieux. La simple présence de cette Europe garantit les équilibres politiques et culturels. Les élites politiques, intellectuelles et économiques sont fières de parler un français parfait et savent pouvoir compter sur le soutien de Paris. Dans ses Mémoires, l’amiral Auphan raconte que la flotte française est accueillie la première dans les ports étrangers, devant la flotte américaine.
Depuis lors, l’Europe d’Athènes et de Rome, de saint Benoît, de saint Dominique et de saint Vincent de Paul, de Corneille, Boileau et Balzac, s’est offert le luxe mortel d’une deuxième guerre civile qui a sonné le glas de ce rayonnement. Elle a amorcé un déclin qui, selon la loi de la chute des corps, s’accélère année après année. Comme le dit le ministre de l’économie du Brésil, à propos de la France précisément : nous sommes devenus insignifiants. Il faut l’admettre, le continent européen fait l’objet d’un mépris et d’un rejet croissant de la part des autres nations du globe. L’inépuisable médiocrité du personnel politique des pays qui le composent ne peut plus susciter le moindre respect. Le collapsus de la hiérarchie et du clergé catholique dont le prestige intellectuel et spirituel ainsi que les œuvres scolaires et caritatives forçaient l’admiration est aujourd’hui en grande partie anéanti.
Le Liban actuel, et plus particulièrement les communautés chrétiennes, ne peuvent plus compter ni sur le prestige de cette Europe-là, ni sur l’appui d’une France déliquescente et dirigée par une classe politique qui inspire le mépris, pas plus que par le rayonnement d’une Église dont le clergé ne croit plus en sa mission et dont les églises et les séminaires sont vides. Le Grand Liban imposé par un ensemble de circonstances aujourd’hui disparues peut-il survivre, déchiré par un contexte géopolitique, culturel et religieux radicalement différent ? Le Liban a toujours été tributaire des politiques étrangères des puissances. Bénéficiant un temps de l’amitié active de la France et de son autorité dans le monde, souvent contre l’Angleterre qui instrumentalisait les communautés druzes et sunnites contre les Maronites et l’influence française, le pays est depuis plusieurs décennies la victime des jeux politiques américains, syriens, israéliens, iraniens, saoudiens. Les puissances extérieures n’ont aucun mal à jouer des rivalités de communautés religieuses entre elles mais également des divisions internes à ces communautés.
Les différentes communautés chrétiennes développent souvent  des visions politiques divergentes, les Maronites, traditionnellement des montagnards, étant plus attachés à l’indépendance du Liban et à ses liens avec la France en particulier et l’Europe en général ; les Orthodoxes, davantage présents dans les grands centres urbains, sont plus accommodants avec l’environnement arabe et musulman. Certains d’entre eux, tel Antoun Saade, fondateur du Parti National Syrien, militaient pour la Grande Syrie contre un détachement et une indépendance du Liban. Libanité tournée vers l’Occident contre arabité sous différentes formes. Depuis la fin de la guerre en 1990, les Maronites eux-mêmes se trouvent divisés face au Hezbollah monopolisant la représentation des Chiites qui ont émergé démographiquement, militairement et politiquement durant le conflit. Ces derniers rattachent leur action politique et militaire à l’Iran, et donc à la Syrie, au grand dam de la communauté sunnite et en déchirant la famille maronite. 
Plus de vingt ans après la fin du conflit, le pays meurtri par quinze années de guerre sanglante et destructrice, bien qu’ayant réussi à se libérer de la présence militaire syrienne, demeure totalement paralysé, notamment par la présence armée du Hezbollah arbitre de fait de la situation politique. Le système bancaire s’est effondré entraînant la disparition de l’épargne, la dette extérieure a explosé, la Livre libanaise s’est littéralement effondrée, l’activité économique est à l’arrêt, le pays porte le fardeau d’environ un million de réfugiés syriens en sus des palestiniens, le système scolaire qui faisait la fierté du pays est en voie d’écroulement, l’émigration des meilleurs saigne le tissu social.
L’espace de quelques semaines, l’élection de Béchir Gemayel, en 1982, avait fédéré les différentes communautés épuisées par sept années de combats et de massacres. Un immense espoir a alors soulevé le pays autour du jeune chef de guerre charismatique qui avait su tendre la main aux diverses communautés pour restaurer l’unité du Liban des « 10’452 Km2 », dans ses frontières « naturelles et historiques ». Par son assassinat le 14 septembre 1982, fête de la Sainte Croix, certains voisins ont voulu rappeler que la question du Grand Liban, détaché de la Grande Syrie, n’était pas résolue.  

Face aux pressions familiales : 24h de liberté
Abbé Thibault de Maillard – L’arrivée d’un enfant dans un cas de détresse extrême suscite compassion et inquiétude dans l’entourage. Très souvent, la mère reçoit de fortes pressions familiales pour que l’avortement soit réalisé sans délais. Le poids social qui pèse sur la mère lui retire une part de sa liberté.
Rien n’empêchera les pressions de l’entourage de s’exercer. Cependant, les pressions cessent au moment où la mère se présente au médecin. La démarche est enclenchée : l’entourage est rassuré.
Si l’avortement est réalisé immédiatement, on pourra probablement dire que la mère n’était pas vraiment libre : pression des proches, pression idéologique de conformisme pro-avortement, peur de devoir faire face seule aux nombreuses obligations liées à une naissance.
Avec une nuit supplémentaire, la mère connaît 24h de liberté après s’être présentée au médecin : toutes les pressions de l’entourage sont tombées, le conformise idéologique est brisé dans une réflexions personnelle basée sur une documentation objective, et des solutions offertes aux mères qui veulent garder leur enfant dans la précarité.
Avec l’initiative « la nuit porte conseil », les Suissesses votent pour une loi qui leur offre la liberté.
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Newsletter N° 116 – 22 janvier 2023 | Source : Perspective catholique