Le voile du Temple se déchire
Mgr Fulton Sheen (1) – Notre-Seigneur avait dit de Son Corps qu’il était le Temple parce que la plénitude de la Divinité l’habitait. Le Temple matériel de Jérusalem n’était que Son symbole. Dans ce Temple de pierre, il y avait trois parties principales. Au-delà de la cour des prêtres, se trouvait un endroit appelé «Saint» et, par-delà, un endroit encore plus sacré qui était appelé le «Saint des Saints». Un voile fermait l’entrée du «Saint» sur la cour et un autre grand voile séparait le «Saint» d’avec le «Saint des Saints».
Au moment même où Notre-Seigneur accepta Sa mort.
«Soudain le voile du Temple se déchira depuis le haut jusqu’au bas»
Matthieu, 27, 51
Le fait même qu’il fut déchiré du haut en bas avait pour but d’indiquer que ce n’était pas de main d’homme, mais d’un geste miraculeux de la main de Dieu en Personne qui avait décidé que, tant que durerait l’Ancienne Loi, un voile serait suspendu devant le «Saint des Saints». Maintenant, Dieu décrétait que ce voile devait être déchiré en deux au moment de la mort du Christ. Ce qui jadis était sacré restait maintenant ouvert et visible aux yeux de tous ; rien ne distinguait plus ce lieu saint d’un quelconque lieu ordinaire à partir où, sur le Calvaire, tandis qu’en présence du peuple un soldat perçait le Cœur de Jésus, le nouveau Saint des Saints était révélé. Il contenait l’Arche d’Alliance du Nouveau Testament et les trésors de l’amour de Dieu. La mort du Christ entraînait l’exécration du Temple matériel puisqu’Il allait rebâtir le Nouveau Temple en trois jours.
Un seul homme pouvait entrer, une fois par an, dans cet ancien «Saint des Saints» ; maintenant que le voile qui séparait le peuple de la sainteté était déchiré, ainsi que ce qui séparait les Juifs des Gentils, les uns et les autres auraient accès au nouveau Temple, au Christ Seigneur.
Il y a une relation intrinsèque entre le coup de lance du soldat qui transperça le Cœur du Christ en Croix, faisant jaillir du Sang et de l’eau et le déchirement du voile du Temple. Deux voiles furent déchirés, le voile pourpre du Temple, qui devait disparaître avec l’ancienne Loi, et le voile de chair du Fils de Dieu qui ouvrait le Saint des Saints du divin Amour venu habiter parmi nous. Dans les deux cas, ce qui était saint se manifestait le Saint des Saints qui n’avait été qu’une figure, et le vrai Saint des Saints, le Cœur sacré de Jésus, qui ouvrait aux pécheurs la voie qui mène à Dieu. Le voile de l’ancien Temple signifiait que le ciel était fermé à tous jusqu’au jour où le Grand-Prêtre envoyé par le Père déchirerait le voile et ouvrirait à tous les portes de la cité céleste. Saint Paul a dit comment le Grand Prêtre de l’Ancienne Loi ne pouvait entrer dans le Saint des Saints qu’une seule fois l’an, et encore avec une offrande de sang pour ses propres fautes et celles du peuple. C’est l’Épître aux Hébreux qui explique ce mystère :
«Le Saint-Esprit nous indique par là que l’entrée du Saint des Saints
n’est pas accessible, tant que subsiste le premier sanctuaire…
Mais le Christ est venu prendre Sa place de Grand-Prêtre…
Temple plus parfait, qui n’a pas été fait de main d’homme et
qui n’appartient pas au monde créé.
C’est avec Son propre Sang, en non avec celui des boucs et des taureaux,
qu’Il a pu entrer une fois pour toutes dans le sanctuaire,
ayant acquis une rédemption éternelle.»
Hébreux 9, 8-12.
Faisant ensuite une comparaison entre le voile de chair et le voile du Temple, l’Épître ajoute :
«Nous pouvons accéder au Sanctuaire avec confiance, grâce au Sang du Christ.
Il nous a ouvert une voie nouvelle et vivante à travers le voile, c’est-à-dire par Sa chair.»
Hébreux 10, 19-20.
Quelque mille ans plus tôt, David avait écrit, à propos du Messie :
«Ce n’est ni sacrifice ni offrande que Tu veux ;
Tu m’as donné une oreille pour entendre.
Tu n’as été satisfait ni par les holocaustes ni pas les sacrifices d’expiation.
Alors J’ai dit : Me voici, Je viens accomplir ce qui est écrit de Moi au rouleau du livre ;
faire Ta volonté, ô Mon Dieu, est Mon désir : obéir à Ta loi qui est écrite dans Mon cœur.» – Psaume 39, 7-9
Tandis que le Psalmiste rappelait les sacrifices d’animaux immolés, la crémation des holocaustes pour obtenir la faveur de Dieu et les offrandes pour le péché destinées à réparer le mal accompli, son esprit ne s’y arrêtait que pour les rejeter. C’est qu’il savait bien que ces taureaux, ces boucs et ces brebis égorgés ne pouvaient pas avoir une réelle influence sur les relations entre l’homme et Dieu. Il voyait dans l’avenir Dieu enfermant Sa Divinité dans un corps humain comme dans un temple et le Christ venant avec le seul propos de livrer Sa vie pour Se conformer à la volonté du Père. David a proclamé que l’Incarnation du Fils de Dieu serait la perfection des sacrifices et du sacerdoce de la Loi juive. Maintenant, ce qui n’était que symbole devenait réalité, au moment où l’Agneau sans tache S’offrait Lui-même à Son Père des Cieux. L’antique promesse faite à Israël en Égypte valait toujours et pouvait être revendiquée, en un sens plus élevé, par tous ceux qui invoquaient le Sang versé sur la Croix.
A la vue du sang, Je passerai plus loin
et il n’y aura pour vous aucun châtiment de malheur
lorsque Je frapperai le pays d’Égypte.» Exode 12, 13.
Le sacerdoce lévitique était aboli désormais. L’ordre de Melchisédech prenait sa place. Le signe de l’interdiction d’entrer disparaissait de la porte du Saint des Saints dans le Temple terrestre. Lorsque le Christ était venu dans le monde pour être l’achèvement de l’ordre de Melchisédech, la Maison de Lévi avait refusé de Le recevoir. En fait, Lévi avait exigé de Lui des taxes en Lui demandant, juste quelques semaines avant Sa mort, de payer l’impôt du Temple. Mais au moment où le voile se déchirait, le sacerdoce de Melchisédech entrait dans son domaine et, avec lui, le vrai Saint des Saints, l’Arche véritable de la Nouvelle Alliance, le vrai Pain de Vie – le Christ, le Fils du Dieu vivant.
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Newsletter N° 195 – 28 mars 2024 | Source : Perspective catholique