
Eric Bertinat – «T’as gueule» a hurlé une dame en passant à notre hauteur. On s’en doute : ce cri nous est destiné. A moins qu’il ne fut adressé à sa conscience? Quelle qu’en soit la raison, cette passante n’a guère perturbé notre manifestation «Oui à l’enfant», tenue ce 1er juillet.
Un grand merci adressé aux participants ! Nous progressons en nombre, à défaut d’être certains de progresser en qualité. Chaque année, nous sommes un petit peu plus nombreux. Cette année, une septantaine de personnes ont répondu à notre invitation et ont prié le chapelet pour les enfants à naître et leurs parents. Nous tenons à être présents sur la place publique pour continuer à manifester notre opposition à l’avortement, à sa défense inconditionnelle par les autorités politiques. Ces mêmes autorités qui ne montrent aucune pitié pour les femmes enceintes dans la détresse et n’offrent aucun autre recours que l’avortement.
– Demandez-nous beaucoup, et aidez-nous à vous donner davantage.
(Prière des Chevaliers – Père Jacques Sevin, s.j.)
– Et puisque nous sommes livrés à Vous, ne vous gênez pas pour nous prendre au mot et pour nous sacrifier.
Dans son allocution de circonstance, M. l’abbé De Loyle a dit notre déception après l’échec des deux initiatives visant à diminuer le nombre d’avortements et intitulées «La nuit porte conseil» et «Sauver les bébés viables». Avec quelque 98’000 paraphes annoncés pour l’une et 96’000 pour l’autre, le compte n’y est pas et le délai est terminé. Ainsi donc, il n’y aurait pas 100’000 chrétiens en Suisse capables de comprendre les enjeux soulevés par ces deux textes? La réponse est oui malgré l’engagement conséquent de nombreux groupes de bénévoles qui ont arpenté le terrain jusqu’au dernier jour. Ainsi en fut-il du groupe de catholiques de la paroisse St-Joseph à Carouge qui a réuni 2’359 signatures. De quoi lui tirer un grand coup de chapeau. Ainsi que l’a relevé l’abbé De Loyle dans un message posté quelques jours plus tôt : “Ils ont porté avec honneur la part de responsabilité des catholiques traditionnels genevois dans ce grand combat pour la vie. Un chrétien ne peut pas se résigner face à la banalisation du crime légalisé. Il nous revient de manifester une résistance spirituelle. Les échecs de nos stratégies humaines ne sont pas un échec du plan du Seigneur“.
Cet échec – même à bout touchant – soulève évidemment quelques questions. Lancées par deux femmes UDC, la Bernoise Andrea Geissbühler et la Lucernoise Yvette Estermann à la fin 2021, il a été impossible de travailler avec elles en Suisse romande. Présentes dans la presse lors du démarrage de la campagne, elles devinrent invisibles par la suite. Pourtant ces deux politiciennes avaient tout pour les incarner. L’UDC, au niveau national, étant majoritairement restrictive vis-à-vis de l’avortement, elles étaient totalement libres de leurs mouvements. La discrétion semble avoir été le maître-mot de ces récoltes de signatures. Tout comme Mmes Geissbühler et Estermann, l’association mamma.ch s’est tenue très en retrait des médias. Ce manque de visibilité a compliqué la tâche de tous ceux qui se sont investis dans ce dossier. A l’époque des réseaux sociaux et des nombreux médias indépendants, il a manqué à cette affaire de la visibilité sous toutes ses formes. Mais comme dit plus haut : “Les échecs de nos stratégies humaines ne sont pas un échec du plan du Seigneur”.
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Newsletter N° 138 – 3 juillet 2023 | Source : Perspective catholique