Henri Charlier (Propos de Minimus, tome 1) – Nous qui fêtons à Noël la venue de ce Roi de gloire, comment le voyons-nous ? Certainement pas dans une gloire suivant le monde. Car c’est un petit enfant qui naît dans les conditions les plus pauvres qui soient, dans une grotte servant d’étable, logis primitif ou tant d’hommes des anciens temps vécurent. L’Église a toujours existé depuis Adam ; comment ces ancêtres pouvaient-ils en faire partie ? En croyant à un salut venant de Dieu seul. Non pas de l’usage du feu, ou de la découverte de l’arc et des flèches, de la roue et du char attelé ou des métaux, mais de la volonté de Dieu, et de son amour, amour de Dieu pour les hommes et des hommes pour Dieu.

Voilà les raisons de l’allégresse générale naissant à la fête de Noël : la «Puissance de Dieu» nous apparaît sous la forme la plus humble et la plus aimable qui soit : «Un petit enfant nous est donné, la principauté est sur ses épaules ; on l’appellera : Conseiller admirable, Dieu fort Père du siècle futur, Prince de la Paix». Et ce petit enfant dut coucher dans la mangeoire des agneaux, à la lumière d’un luceron. Sa mère jouissait d’une joie bien douce, car le Sauveur du monde était né. La Sainte Vierge admirait les circonstances préparées par Dieu qui l’avaient conduite à donner le jour dans la solitude, plutôt que dans une hôtellerie, au plus beau des enfants des hommes. Le miracle de cette naissance fut ainsi protégé par la sainteté des deux époux.

Isaïe évoquait le patriarche Joseph vendu par ses frères pour devenir par là le gouverneur de l’Egypte. Un nouveau Joseph, simple artisan, est chargé de protéger et de nourrir l’enfant admirable. Et non seulement l’enfant mais la mère immunisée du péché originel «pour que son corps et son âme devinssent un digne habitacle pour le Fils du Père éternel».

Les solives du toit faisant comme un arceau,
Les rayons du soleil baignaient le tête blonde,
Tout était pur alors, et le maître du monde
Était un jeune enfant dans un pauvre berceau.

Mais ce jeune enfant sans autre expérience encore que le sein de sa mère ne pouvait méditer rien autre que l’amour, la Sainte Trinité à laquelle sa Mère était liée comme épouse du Saint-Esprit et saint Joseph même comme l’image du Père.

La joie qui éclate en tous lieux le jour de Noël est celle des œuvres cachées de la foi : elle est faite de l’espérance du ciel, cachée au fond des cœurs trompés quotidiennement par le train du monde, car le Sauveur attendu nous est donné vivant et nous savons qu’il nous est donné pour nous en nourrir et devenir participants de sa paix et de sa gloire.

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Newsletter N° 111 – 24 décembre 2022 | Source : Perspective catholique