Abbé Alain René Arbez – Le 29 septembre prochain aura lieu la journée mondiale du migrant. Sur ce thème qui lui est particulièrement cher, le pape François a déjà donné le ton en affirmant que les migrants sont une « bénédiction pour les pays européens » : Il donne comme exemple l’intégration de migrants intra-européens (italiens, gens de l’est, etc), soulignant au passage l’intérêt de s’ouvrir à l’orthodoxie, mais il passe sous silence le nombre exponentiel des arrivants d’appartenance islamique qui affluent en Europe avec leurs mœurs exogènes.
Le pape argentin va plus loin encore en comparant les mouvements migratoires vers l’Europe à « I’exode des Hébreux » qui ont cheminé avant d’arriver en terre promise. Mais il y a là une réelle difficulté dans la logique du propos puisqu’au contraire les Hébreux une fois libérés de l’oppression subie en Egypte se sont mis en route, lors de la Pâque, vers leur terre d’origine d’où leurs ancêtres étaient partis, à savoir la terre de Canaan, qui verra en Israël l’unification des tribus avec David et Salomon autour de Jérusalem.
A l’inverse, les migrants d’aujourd’hui quittent leur territoire d’origine pour aller vers les pays européens chercher une vie meilleure, souvent dans l’illégalité. Beaucoup – la plupart très jeunes – préfèrent tenter l’aventure du déracinement au risque de leur vie, plutôt que de chercher à transformer les conditions de vie de leur région native dévitalisée par la crise économique et politique.
On a entendu le même contre-discours lorsque pour illustrer le voyage vers Bethléem de Marie enceinte en compagnie de Joseph, on nous disait que la sainte famille était la figure des migrants clandestins opprimés dans leur voyage vers l’Europe. Là aussi, on assiste à une inversion du réel, puisque Marie et Joseph ont fait route de Nazareth à Bethléem dans le cadre d’un recensement tout à fait officiel qui les obligeait à s’annoncer légalement à l’autorité romaine occupante.
Certes dans une vision de foi, la dignité de tout être humain doit être rappelée, ce que fait fréquemment et à juste titre le pape François. La bienveillance de Dieu s’exerce envers tous, sans exception. Cependant l’idéologie ne doit pas transformer le réel des situations, même au nom de bonnes intentions. Les opinions publiques en Europe ne sont pas en phase avec cette approche irénique de la migration, et les événements problématiques quasi quotidiens ne plaident pas pour un accueil inconditionnel.
« aime ton prochain comme toi-même » (Lévitique et Évangile), certes. Mais l’évangile de la Samaritaine nous indique que le prochain est celui que l’on choisit librement de reconnaître comme tel au-delà des conventions.
Et ici le « comme toi-même » est essentiel. Si on ne s’aime pas soi-même, on n’a rien de valable à offrir au prochain. Si l’Occident ne s’aime pas et récuse ses propres valeurs judéo-chrétiennes fondatrices, il subira l’effondrement de sa civilisation. —

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Newsletter N° 223 – 10 juin 2024 | Source : Perspective catholique