Eric Bertinat – Dimanche 19 juin 2022, 16h30, la procession s’ébranle sur le petit parking de l’Oratoire St-Joseph. Sous le dais, le Christ présent réellement dans le sacrement de l’Eucharistie, Fils de Dieu et figure fondatrice du christianisme, religion présente à Genève depuis l’an 400. A quelques mètres, deux policiers accompagnés de deux agents de la police municipale contrôlent la communauté de la Fraternité Saint Pie X : va-t-elle outrepasser l’interdiction du Département de la sécurité, de la population et de la santé (DSPS) de Mauro Poggia ? Recueillie, désireuse de contempler publiquement le Saint-Sacrement comme cela se fait depuis le XIIIe siècle, il ne s’y trouvera aucun factieux dans ses rangs, ni casseur, aucun black bloc, ni agité du type «Extinction rébellion», aucune féministe agitant ses organes sexuels. Seulement, cette année, ces catholiques sont choqués par l’interdiction des autorités qui leurs refusent de processionner sur la voie publique après l’avoir fait durant 30 ans sans qu’il y ait jamais eu le moindre problème.

Ce même dimanche, la procession prévue par l’abbé Du Chaxel (Fraternité Saint-Pierre) à la paroisse Ste-Claire est également annulée avec la même délicatesse.

Cette décision autoritaire, disproportionnée qui voit agiter l’épouvantail du laïcisme nous ramène aux belles années du radicalisme genevois. Le courrier du département, délivré tardivement jeudi en fin de journée, utilise un vocabulaire qui aurait beaucoup plu à l’anticlérical Antoine Carteret, cet opposant féroce à la papauté. C’est lui qui entraîne la majorité des radicaux dans une politique anticatholique. Il est élu en 1870 au Conseil d’Etat où il restera jusqu’à sa mort en 1889.

Dans ces deux courriers du DSPS, on y lit de savoureuses phrases : «Votre demande concerne le transport et l’exhibition (sic) du Saint-Sacrement, ce qui constitue une manifestation publique de la foi en l’eucharistie et partant, un hommage à une divinité (re-sic)». Un courrier d’une incroyable indigence à l’heure où toute les lubies sont autorisées par les autorités sur la voie publique. Indigence mais aussi mépris des catholiques !

Dans ces courriers adressés aux prieurs, l’on découvre entre autre que :

1. « La Fraternité Saint Pie X n’est pas une organisation religieuse figurant sur la liste des organisations religieuses admises à des relations avec l’État selon le nouveau règlement d’application de la loi sur la laïcité de l’État » : le Département de la sécurité, de la population et de la santé refuse la demande de processionner pour la Fête-Dieu le 19 juin.

2. « La Fraternité Saint Pierre fait partie de l’Église catholique romaine, organisation religieuse figurant sur la liste des organisations religieuses admises à des relations avec l’État selon le nouveau règlement d’application de la loi sur la laïcité de l’État » : le Département de la sécurité, de la population et de la santé refuse la demande de processionner pour la Fête-Dieu le 19 juin.

C’est donc bien la célébration de la Fête-Dieu que l’on a interdite. La loi sur la laïcité de Pierre Maudet, pensée par un groupe de travail placé sous la direction du journaliste Jean-Noël Cuenod (dont il n’est pas superflu de rappeler son appartenance à la Grande Loge suisse Alpina), porte donc ces fruits. A tous les imbéciles, y compris ceux élus au Grand Conseil, qui pensaient lutter astucieusement contre l’islam avec cette loi liberticide, la première victime, et sans doute la seule victime, est l’Église catholique. Ils voulaient, ainsi que Le Temps l’avait titré alors : Corriger, oui ! Étouffer, non ! Ils n’ont rien corrigé, preuve en est la récente une motion réclamant une charte de la laïcité à l’école publique (la belle affaire!) qui, une fois encore, aligne toutes les religions sur un bâton. Par contre, ils étouffent une religion fondatrice de l’histoire de Genève.

Sans doute aussi parce qu’elle est la seule à présenter publiquement Jésus-Christ, présent au Très Sacrement, Fils de ce Dieu «que l’homme a tant de peine à suivre, et l’amour de ce Dieu pour cet homme qu’Il s’acharne à vouloir s’attacher (Père Jérôme).

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Newsletter N° 77 – 20 juin 2022 | Source : Perspective catholique