Éric Bertinat – La journaliste du Figaro, Engénie Bastié, nous livre comme à son habitude un excellent papier intitulé : Olivia Maurel : « Il faudrait un #MeToo des mères porteuses et des enfants nés par GPA » (27 février 2025). Olivia Maurel, née d’une gestation pour autrui (GPA) au début des années 1990, est connue pour ses travaux sur la violence éducative ordinaire et la parentalité bienveillante. Elle est l’une des figures de proue du mouvement visant à interdire les violences éducatives ordinaires, un mouvement qui a une grande influence en France, notamment après l’adoption de lois visant à interdire les châtiments corporels. Olivia Maurel est également la porte-parole de la Déclaration de Casablanca, publiée par Le Figaro le 2 mars 2023, et dont la centaine de signataires milite pour une abolition universelle de la gestation pour autrui.

Attention à ne pas confondre Olivia et Olivier Maurel, né en 1937. A ma connaissance, il n’y a aucun lien de parenté entre eux. Curieusement, ce dernier est lui-aussi connu pour ses livres et ses positions sur des mêmes sujets tels que la parentalité, les violences éducatives ordinaires et la lutte contre la maltraitance des enfants, fondateur de l’association «L’Enfant d’abord», qui milite pour la reconnaissance des droits de l’enfant et contre les violences physiques et psychologiques infligées aux enfants dans le cadre de l’éducation.
Olivia a découvert qu’elle était née d’une gestation pour autrui (GPA). Dans son livre Où es-tu maman ? (Éditions du Rocher), elle raconte la peur de l’abandon et les troubles psychologiques qui l’assaillent. Elle «estime qu’on ne peut pas piétiner les droits des femmes pour assouvir un désir d’enfant. Depuis « toute petite », se souvient-elle, elle a « toujours eu l’impression que quelque chose clochait ».
Suivie par un psychiatre, depuis bientôt deux ans, Olivia Maurel constate que tout revient à la naissance, «à cette déchirure entre la mère et l’enfant. Après, c’est un peu l’effet boule de neige. On commence avec cette peur de l’abandon, puis on essaie de combler le vide avec l’alcool, la drogue, les mauvaises fréquentations, et on se met toujours au bord du précipice pour se sentir en vie.»
«Aujourd’hui, je suis la seule à prendre le risque de parler à voix haute. J’ai des menaces de mort. Je suis traitée d’homophobe, parce que la GPA concerne à 70 % des couples homoparentaux, alors que ça n’a rien à voir… J’ai des pressions constantes. Je suis l’image que les parents commanditaires ne veulent pas voir.
Serait-il possible de concevoir une GPA éthique, questionne la journaliste ? La réponse est sans appel : «Non. Qu’est-ce qu’une GPA éthique ? C’est un oxymore. Il n’y a d’ailleurs pas de consensus international. Moi, je compare toujours ça à l’esclavage : qu’est-ce qu’un esclave éthique ? On ne peut pas louer éthiquement un corps. On ne peut pas vendre un enfant. L’être humain ne se marchande pas.
Olivia Maurel a relevé des points communs entre enfants nés par GPA
Bien que les parents assurent que leurs enfants nés par GPA n’ont aucun trouble psychologique, la prote-parole de la Déclaration de Casablanca conteste ce fait. «Ce que l’on a en commun, ce sont les troubles mentaux, l’anxiété, la peur de l’abandon. Beaucoup compensent avec la drogue ou l’alcool. La totalité des enfants à qui je parle connaissent pourtant les circonstances de leur naissance depuis le début. Certains ont connu leur mère porteuse. Ça ne les a pas empêchés d’être traumatisés. On a tendance, enfant, à cacher nos émotions. Moi, je ravalais tout, et ça s’est manifesté plus tard, sous différentes formes. Matériellement parlant, j’avais tout, les meilleures écoles, une belle vie. Mais je souffrais à l’intérieur, et je ne le disais pas, parce que j’avais peur de la réaction de mes parents. J’ai sombré dans la drogue, dans l’alcool. La peur d’être abandonné une deuxième fois est tellement énorme que les enfants n’arrivent pas à parler. C’est dur de se dire : « Je déteste ma naissance », surtout quand on n’a pas d’aide…
Quel a été le « prix »
Olivia a découvert qui est sa mère grâce au test ADN. Il n’en reste pas moins qu’il reste cette terrible interrogation : quel a été le « prix » ? Réponse : «Non. Je ne peux que l’estimer, parce qu’il y a eu beaucoup d’« à-côtés » : mes parents ont été jusqu’à acheter une maison en Floride, parce que les papiers étaient plus simples à obtenir quand on était propriétaire. Ils ont fait des cadeaux à la mère porteuse, lui ont offert un voyage à Disneyland avec ses enfants. « C’est le seul voyage qu’on a fait, le meilleur moment de notre vie », m’ont avoué mes demi-frères et sœurs. Il y a eu beaucoup d’argent qui a été investi sur ma tête. Mais le prix total, je crois que je ne veux pas savoir». —
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Newsletter N° 252 – 7 mars 2025 | Source : Perspective catholique